Poème par Jean-Antoine De Baïf Recueil : Amours de MélinePériode : 16e siècle
Quiconque fit d’Amour la pourtraiture,
De cet Enfant le patron ou prit il,
Sur qui tant bien il guida son outil
Pour en tirer au vray ceste peinture ?
Certe il sçavoyt l’effet de sa pointure,
Le garnissant d’un arc non inutil :
Bandant ses yeulx de son pinceau subtil,
Il demonstroit nostre aveugle nature.
Tel qu’en ton coeur, ô peintre, tu l’avoys,
Tel qu’il te fut, tel que tu le sçavoys,
Telle tu as peinte au vif son image.
A ton amour du tout semble le mien,
Fors que volage et leger fut le tien,
Le mien pesant a perdu son plumage.
Jean-Antoine de Baïf