Poème par Anna De Noailles Recueil : Poème de l'amourPériode : 20e siècle
Oui, la douceur est toujours feinte
En amour. — Croirais-tu vraiment
Que ce brillant contentement
Ne masquât pas d’amères plaintes?
Certes tout mon être bénit
Ta vie où j’ai mis l’infini,
Mais, corps charmant, ô cœur de roche,
Toi que j’aime ! un constant reproche
Émane de mes yeux séduits.
Quoi! toujours t’admirer, et puis
Toujours, en silence, surprendre
Tes défauts, — et, d’un cœur plus tendre,
Mêlé de louanges, de pleurs,
Te voiler mon humble colère
Ah! réclamais-je ces douleurs?
— Et de quel droit viens-tu me plaire ?…
Anna de Noailles