Babillarde, qui toujours viens

Poème par Jean-Antoine De Baïf
Période : 16e siècle

Babillarde, qui toujours viens
Le sommeil et songe troubler
Qui me fait heureux et content,
Babillarde aronde, tais-toi.

Babillarde aronde, veux-tu
Que de mes gluaux affutés
Je te fasse choir de ton nid ?
Babillarde aronde, tais-toi.

Babillarde aronde, veux-tu
Que coupant ton aile et ton bec
Je te fasse pis que Térée ?
Babillarde aronde, tais-toi.

Si ne veux te taire, crois-moi,
Je me vengerai de tes cris,
Punissant ou toi ou les tiens.
Babillarde aronde, tais-toi.

Crie contre tel qui heureux
En amour, veillant, à coeur soûl
De sa belle prend le plaisir.
Babillarde aronde, tais-toi.

Ne sois curieuse sur moi
Qui ne puis jouir que dormant
Et ne suis heureux qu’en songeant
Babillarde aronde, tais-toi.

Jean-Antoine de Baïf