Réponse à l’épitre sur l’amitié des femmes

Poème par Fanny De Beauharnais
Recueil : Mélanges de poésies fugitives et de prose sans conséquence
Thématiques : Amitié
Période : 18e siècle

Combien nous avons de défauts!..:
Qu’une belle est infortunée!
L’amitié défend le repos:
Nous dormons, toute la journée.
Oui, je conçois votre chagrin,
Et j’approuve votre colère.
Sans doute, il faudrait, pour vous plaire,
Vous adorer dès le matin;
Exiler de notre toilette
Le Colonel qui fait des nœuds,
L’Abbé qui rajuste une aigrette,
Tandis qu’on trèfle nos cheveux.
Monsieur, dussé-je être indiscrète,
Grace, au moins, pour ces plaisirs-là.
Nous y tenons i la chose est nette:
Pour votre amitié, l’on verra.
Mais ne parlez point de vieillesse;
Elle raisonne, & ne sent plus:
L’âme se ferme à la tendresse,
Quand les yeux s’ouvrent aux abus.
Enfin, si cette amitié rare
Du jeune âge n’est pas le prix;
Si, par le sort le plus bizarre,
On ne l’obtient qu’en cheveux-gris;
J’y renonce, je le déclare.
Ciel! Préservez-nous des amis

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