Poème par Charles D'Orléans Recueil : BalladesPériode : 15e siècle
Quant vint a la prochaine feste
Qu’Amours tenoit son parlement,
Je lui presentay ma requeste
Laquelle leut tresdoulcement,
Et puis me dist : « Je suy dolent (1)
Du mal qui vous est avenu,
Mais il n’a nul recouvrement,
Quant la mort a son cop féru (2).
Eslongnez hors de vostre teste
Vostre douloreux pensement !
Moustrez vous homme, non pas beste !
Faittes que, sans empeschement,
Ait en vous le gouvernement
Raison qui souvent a pourveu
En maint meschief (3) tressagement,
Quant la mort a son cop féru.
Reprenez nouvelle conqueste !
Je vous aideray tellement
Que vous trouverés Dame preste
De vous amer tresloyaument,
Qui de biens aura largement.
D’elle serez amy tenu :
Je n’y voy autre amendement,
Quant la mort a son cop féru. »
1. Dolent : Triste.
2. Féru : A frappé son coup.
3. Meschief : Malheur.
Charles D’Orléans