La Tour Eiffel

Poème par Maurice Carême
Période : 20e siècle

Je suis une girafe,
M’a raconté la tour Eiffel.
Et si ma tête est dans le ciel,
C’est pour mieux brouter les nuages,
Car ils me rendent éternelle.
Mais j’ai quatre pieds bien assis
Dans une courbe de la Seine.
On ne s’ennuie pas à Paris.
Les femmes, comme des phalènes
les hommes, comme des fourmis,
Glissent sans fin entre mes jambes
Et les plus fous, les plus injambes,
Montent et descendent le long
De mon cou comme des frelons.
La nuit, je lèche les étoiles,
Et si l’on m’aperçoit de loin,
C’est que, très souvent, j’en avale
Une sans avoir l’air de rien.

Maurice Carême