Poème par Aimé Césaire Recueil : FerrementsPériode : 20e siècle
mon peuple
quand
hors des jours étrangers
germeras-tu une tête tienne sur tes épaules renouées
et ta parole
le congé dépêché aux traîtres
aux maîtres
le pain restitué la terre lavée
la terre donnée
quand
quand donc cesseras-tu d’être le jouet sombre
au carnaval des autres
ou dans les champs d’autrui
l’épouvantail désuet
demain
à quand demain mon peuple
la déroute mercenaire
finie la fête
mais la rougeur de l’est au coeur de balisier
peuple de mauvais sommeil rompu
peuple d’abîmes remontés
peuple de cauchemars domptés
peuple nocturne amant des fureurs du tonnerre
demain plus haut plus doux plus large
et la houle torrentielle des terres
à la charrue salubre de l’orage
Aimé Césaire