Hérodiade

Poème par Théodore De Banville
Recueil : Les Princesses
Période : 19e siècle

Ses yeux sont transparents comme l’eau du Jourdain.
Elle a de lourds colliers et des pendants d’oreilles ;
Elle est plus douce à voir que le raisin des treilles,
Et la rose des bois a peur de son dédain.

Elle rit et folâtre avec un air badin,
Laissant de sa jeunesse éclater les merveilles.
Sa lèvre est écarlate, et ses dents sont pareilles
Pour la blancheur aux lis orgueilleux du jardin.

Voyez-la, voyez-la venir, la jeune reine !
Un petit page noir tient sa robe qui traîne
En flots voluptueux le long du corridor.

Sur ses doigts le rubis, le saphir, l’améthyste
Font resplendir leurs feux charmants : dans un plat d’or
Elle porte le chef sanglant de Jean Baptiste.

Théodore de Banville