Poème par Charles Cros Recueil : Le collier de griffesPériode : 19e siècle
Pour plus d’agilité, pour le loyal duel,
Les témoins ont jugé, qu’elles se battraient nues.
Les causes du combat resteront inconnues.
Les deux ont dit : Motif tout individuel.
La blonde a le corps blanc, plantureux, sensuel ;
Le sang rougit ses seins blancs et ses lèvres charnues.
La brune a le corps d’ambre et des formes ténues ;
Les cheveux noirs-bleus font ombre au regard cruel.
Cette haie où l’on a jeté chemise et robe,
Ce corps qui tour à tour s’avance ou se dérobe,
Ces seins dont la fureur fait se dresser les bouts,
Ces battements de fer, ces sifflantes caresses,
Tout paraît amuser ce jeune homme à l’oeil doux
Qui fume en regardant se tuer ses maîtresses.
Charles Cros