La Vipére et la Sangsue

Fable par Jean-Pierre Claris de Florian
Période : 18e siècle

La vipere disoit un jour à la sang-sue :
que notre sort est différent !
On vous cherche, on me fuit, si l’ on peut on me tue ;
et vous, aussitôt qu’ on vous prend,
loin de craindre votre blessure,
l’ homme vous donne de son sang
une ample et bonne nourriture :
cependant vous et moi faisons même piquure.
La citoyenne de l’ étang
répond : oh que nenni, ma chere ;
la vôtre fait du mal, la mienne est salutaire.
Par moi plus d’ un malade obtient sa guérison,
par vous tout homme sain trouve une mort cruelle.
Entre nous deux, je crois, la différence est belle :
je suis remede, et vous poison.
Cette fable aisément s’ explique :
c’ est la satire et la critique.

Florian