Mets-moi dessus la mer d’où le soleil se lève

Poème par Jean-Antoine De Baïf
Recueil : Amours de Méline
Période : 16e siècle

Mets-moi dessus la mer d’où le soleil se lève,
Ou près du bord de l’onde où sa flamme s’éteint ;
Mets-moi au pays froid, où sa chaleur n’atteint,
Ou sur les sablons cuits que son chaud rayon grève ;

Mets-moi en long ennui, mets-moi en joie brève,
En franche liberté, en servage contraint ;
Soit que libre je sois, ou prisonnier rétreint,
En assurance, ou doute, ou en guerre ou en trêve ;

Mets-moi au pied plus bas ou sur les hauts sommets
Des monts plus élevés, ô Méline, et me mets
En une triste nuit ou en gaie lumière ;

Mets-moi dessus le ciel, dessous terre mets-moi,
Je serai toujours même, et ma dernière foi
Se trouvera toujours pareille à la première.

Jean-Antoine de Baïf