Me soit amour ou rude, ou favorable

Poème par Joachim Du Bellay
Recueil : L Olive
Période : 16e siècle

Me soit amour ou rude, ou favorable,
Ou haut, ou bas me pousse la fortune,
Tout ce, qu’au cœur je sens pour l’amour d’une,
Jusqu’à la mort, et plus, sera durable.

Je suis le roc de foi non variable,
Que vent, que mer, que le ciel importune,
Et toutefois adverse, ou opportune
Soit la saison, il demeure imployable.

Plutôt voudra le diamant apprendre
À s’amollir de son bon gré, ou prendre
Sous un burin de plomb, diverse forme,

Que par nouveau ou bonheur, ou malheur
Mon cœur, où est de votre grand’ valeur
Le vrai portrait, en autre se transforme.

Joachim Du Bellay