D’Amour d’Amour je fu je fu blessé

Poème par Jean-Antoine De Baïf
Recueil : Amours de Méline
Période : 16e siècle

D’Amour d’Amour je fu je fu blessé,
Et de mon sang la liqueur goute a goute
En chaudes pleurs hors ma playe degoute,
Qui de couler puis le temps n’a cessé.

Je suis d’Amour si bien interessé.
Que peu a peu s’enfuit ma force toute,
Et quelque onguent qu’a ma playe je boute
Sans l’etancher, mon mal ne m’a laissé.

En tel estat ma blessure decline,
Que Machaon de nul just de racine,
N’en pourroyt pas amortir la poyson.

Mais pour guarir, Telephe je devienne,
Toy faite Achil, douce meurtriere mienne,
Qui me navras, donne moy guarison.

Jean-Antoine de Baïf