Sonnet cabalistique

Poème par Charles Cros
Recueil : Le coffret de santal
Période : 19e siècle

Dans notre vie âcre et fiévreuse
Ta splendeur étrange apparaît,
Phare altier sur la côte affreuse;
Et te voir est joie et regret.

Car notre âme que l’ennui creuse
Cède enivrée à ton attrait,
Et te voudrait la reine heureuse
D’un monde qui t’adorerait.

Mais tes yeux disent, Sidonie,
Dans leur lumineuse ironie
Leur mélancolique fierté,

Qu’à ton front, d’où l’or fin rayonne,
Il suffit d’avoir la couronne
De l’idéale royauté.

Charles Cros