A la providence.

Poème par Fanny De Beauharnais
Recueil : Mélanges de poésies fugitives et de prose sans conséquence
Période : 18e siècle

Hasard, Providence, ou Destin,
Oui, tu m’as toujours paru sage.
Tu fis mon cœur pour le chagrin:
Mais, tu lui donnas le courage….
L’homme de bien verse des pleurs,
Et, dans l’infortune, on l’oublie:
Le méchant jouit des honneurs;
C’est au méchant qu’on porte envie,
A l’aspect de tous ces malheurs,
L’Univers entier se récrie.
Eh! Pourquoi plaindre la vertu?
Elle-même est sa récompense:
Socrate pardonne à l’offense;
II meurt, & n’est point abattu.
Cromwell mourut dans les alarmes;
Ses remords furent ses bourreaux.
Que de Trônes baignés de larmes!
Sous des chaumières, quel repos !
La beauté sage est indigente;
Qu’importe, si peu lui suffit !
Le vice la voit, il rougit:
On la respecte, elle est contente.

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